Tribune : Lettre ouverte à Joseph Kabila : le silence qui accuse [Christian Ilunga Mutombo]

Monsieur le Président Joseph Kabila,

Alors que l’est de la République Démocratique du Congo continue de saigner, votre silence devient de plus en plus lourd. Aujourd’hui, des questions s’imposent : avez-vous conscience des crimes commis par ceux avec qui vous semblez désormais partager une orientation politique ou militaire, notamment les éléments du M23 ?

Les faits sont graves, documentés et incontestables : plus de 319 civils massacrés, des femmes violées, des villages terrorisés dans les zones contrôlées par ce mouvement armé. Il ne s’agit pas de simples affrontements. Ce sont des crimes de guerre. Voire des crimes contre l’humanité.

Et pourtant, aucune prise de position claire de votre part. Aucun mot pour condamner. Aucune distance affichée. Votre proximité perçue avec ces acteurs jette une ombre troublante sur votre héritage politique. Complice par silence ou par association ? La question, désormais, n’est plus rhétorique.

Vous avez dirigé ce pays pendant 18 ans. Cela vous confère non seulement un poids historique, mais aussi une obligation morale : celle de défendre l’intégrité de la nation, de protéger les civils, de faire preuve de hauteur et de discernement.

Aujourd’hui, votre silence face à l’horreur choque. Il interroge. Et il pourrait bien entacher ce que l’histoire retiendra de vous : pas seulement ce que vous avez fait, mais aussi ce que vous avez laissé faire.

Le peuple congolais mérite des réponses. Et mieux encore, du courage moral.

Christian Ilunga Mutombo, Philanthrope et Homme d’affaires