Un contrat de 39 millions de dollars attribué de gré à gré à une société inconnue, créée en mars 2024 avec un capital de 5.000 dollars. Des associés aux profils énigmatiques. Un timing troublant. En RDC, la réalité dépasse souvent la fiction, et l’affaire Zion Construction pourrait bien illustrer, une fois de plus, les dérives d’un système où copinage, montage financier et opacité nourrissent l’impunité.
Une société sortie de nulle part…
La société Zion Construction a été enregistrée en mars 2024, sans la moindre référence dans le secteur du BTP. Ni projet pilote, ni site vitrine, ni employés connus. Et pourtant, elle décroche, en avril 2025, un contrat public de 39 millions de dollars pour construire une prison à Kisangani, un projet piloté par le ministère de la Justice sous la direction de Constant Mutamba.
Le plus troublant ? La société est cofondée par Willy Musheni, connu pour être le bras droit de Jules Alingete, ancien Inspecteur Général des Finances.
Une banquière burundaise au cœur du montage
Parmi les coactionnaires de Zion Construction figure également Ange-Marie Inamahoro Aurore, cadre burundaise à Rawbank, actuellement gérante d’agence à Kinshasa. Aucun lien apparent avec le secteur de la construction. Alors, pourquoi cette banquière dans l’organigramme ? Quel rôle joue-t-elle réellement dans ce montage ? Le flou persiste, renforçant les soupçons de société-écran.
Une revente d’actions stratégique (et suspecte)
Le 7 avril 2025, soit une semaine seulement avant la signature du contrat, Willy Musheni revend miraculeusement ses parts à un certain Jacques Betutua Lutete. Un nom quasi inconnu, une identité encore non vérifiée. L’opération ressemble à un scénario écrit à la hâte pour détourner l’attention : fuite bien organisée ou camouflage juridique destiné à effacer les liens directs entre Musheni et le contrat ?
Le schéma classique de l’impunité
Ce cas illustre tristement un modèle bien rodé en RDC : des sociétés sans expérience, créées à la dernière minute, raflent des contrats publics faramineux avec la complicité de personnalités proches du pouvoir. Le tout, dans l’opacité la plus totale, sans appel d’offres, sans justification technique, sans transparence.
Pendant que ces montages financiers s’enchaînent, les prisons débordent, les hôpitaux tombent en ruine, et le peuple croupit dans la misère. C’est ainsi que l’impunité se construit en silence, à coups de signatures, de complaisances et d’intérêts croisés.
Et maintenant ?
Des questions urgentes se posent :
Qui est réellement derrière Zion Construction ?
Pourquoi un marché public d’une telle ampleur a-t-il été attribué sans appel d’offres ?
Quel rôle a joué le ministère de la Justice dans cette opération ?
La justice agira-t-elle… ou continuera-t-elle de détourner le regard ?
Tant que les réponses ne seront pas apportées, cette affaire restera un symbole du mal congolais : celui d’un pays riche, pillé par quelques-uns, pendant que la majorité survit dans la pauvreté et l’abandon.
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