L’ancien ministre des Finances de la République démocratique du Congo, Nicolas Kazadi, dresse un bilan sans complaisance de la gouvernance durant le premier mandat du président Félix Tshisekedi. Dans un entretien accordé à la journaliste Paulette Kimuntu, l’ex-argentier pointe du doigt une gestion publique marquée, selon lui, par l’improvisation et la recherche effrénée d’intérêts personnels.
« Nous aimons trop la jouissance. Dès qu’il y a un financement, on pense d’abord à se servir, et on réfléchit ensuite », déplore-t-il, dénonçant une culture de la dépense qui prime sur la rigueur et la planification.
Kazadi s’interroge notamment sur la création de 53 établissements publics en l’espace de cinq ans, souvent lancés en cours d’année, sans cadre budgétaire défini ni plan stratégique clair. Une prolifération qu’il juge contre-productive : « Cela alourdit la masse salariale de l’État et désorganise le fonctionnement de l’administration, sans réel bénéfice pour la population. »
Des résistances internes et des tentatives avortées
Interrogé sur son propre rôle au sein du gouvernement, Nicolas Kazadi se défend de toute inaction. Il évoque les obstacles qu’il aurait rencontrés en interne : « Ce n’est jamais facile. J’ai essayé, mais j’ai été confronté à des résistances. On m’a même accusé de sorcellerie parce que je voulais aller vite. »
Malgré ces frustrations, l’ancien ministre refuse de verser dans le fatalisme. Il appelle à une prise de conscience nationale et à un sursaut collectif face aux défis de la gouvernance. « Ce sont des problèmes qui concernent toute la famille Congo. Il faut plus de pédagogie, de courage et de responsabilité. »
Au moment où le second mandat du président Tshisekedi démarre avec de nombreuses attentes, cette sortie de Nicolas Kazadi relance le débat sur la gestion des ressources publiques et la nécessité d’une réforme en profondeur de l’appareil étatique.
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