Il suffit de faire quelques pas sur la route qui relie Luilu (dans la commune de Dilala) au quartier industriel de Kolwezi (dans la commune de Manika) pour comprendre pourquoi cette portion de la ville est devenue le théâtre d’une satire virale et percutante. À travers la poussière épaisse et les chaussées dégradées, les artistes comédiens ont trouvé une façon de faire parler là où les cris d’alerte des habitants restent sans écho : l’humour.
Avec leurs affiches ironiques « Visit Luilu, au cœur du Lualaba », ces artistes n’amusent pas seulement la galerie. Ils posent une question essentielle : à qui profite réellement le développement de Kolwezi ?
Car oui, la ville se transforme, et c’est une réalité visible : nouvelles routes, bâtiments modernes, places publiques bien aménagées… Mais à force de vendre une image parfaite, les autorités oublient que l’autre Kolwezi existe aussi, celui des quartiers périphériques, des routes oubliées, des habitants qui respirent la poussière au quotidien.
La satire devient alors un miroir que la société tend à ses dirigeants. Elle expose un malaise urbain que trop de politiques préfèrent ignorer. Le rire, ici, n’a rien d’innocent : il est protestation, il est douleur masquée, il est appel à l’équité.
Si Kolwezi veut être une ville modèle, elle doit aussi l’être pour Luilu, pour ses routes, pour sa population. Car une ville n’est grande que lorsque chaque quartier a droit à la même dignité.
Il est temps que les autorités cessent de n’exhiber que le côté reluisant du décor. Kolwezi ne pourra rayonner durablement que si le développement devient inclusif. L’ironie de « Visit Luilu » n’est pas une insulte, c’est un appel sincère à regarder la réalité en face.
Et si, au lieu de rire de Luilu, on décidait enfin de faire quelque chose pour Luilu ?
Rédaction
