Le vendredi 21 février 2025, l’image de Jean-Marc Kabund, ex-premier vice-président de l’Assemblée nationale, entouré de ses proches et salué par une foule en liesse, a rapidement fait le tour de Kinshasa. Après plusieurs mois d’incarcération, l’opposant politique a enfin retrouvé sa liberté, et cette libération marque un tournant aussi bien pour lui que pour la politique congolaise. Une nouvelle page semble s’écrire, mais pour quel avenir ?
Escorté jusqu’à sa résidence par des centaines de partisans, Kabund a été accueilli comme un héros. La joie était palpable, mais derrière cette liesse se cache un pays en pleine crise, où la situation politique reste plus que jamais volatile. L’homme politique qui sort de prison a un poids particulier dans l’histoire récente de la République Démocratique du Congo, notamment pour son rôle crucial dans l’avènement de l’Union sacrée de la nation, ce mouvement lancé par le président Félix Tshisekedi en 2021.
Kabund, ancien allié du président Tshisekedi, a joué un rôle important dans ce rapprochement, incarnant une figure clé de l’opposition qui avait accepté de rejoindre le camp présidentiel, dans l’espoir de créer une union plus large pour sortir le pays de ses nombreux défis politiques et sécuritaires. Mais, avant son incarcération, Kabund n’a cessé de marquer de sa voix l’opposition et de prendre des positions souvent critiques à l’égard du gouvernement et de son ancien allié. Ses prises de position, notamment lors de l’Assemblée nationale, où il dénonçait la mauvaise gestion du pays, ont marqué l’histoire de la politique congolaise et ont contribué à sa mise en détention. Cette incarcération, qui a été critiquée par une frange importante de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social), le parti du président Tshisekedi, a alimenté des divisions internes au sein de la famille politique du président.
Au-delà de sa libération, un autre point interroge : quel avenir attend Jean-Marc Kabund dans un Congo traversé par une crise sécuritaire, une rébellion persistante dans l’est du pays et des tensions politiques croissantes ? Son retour dans l’arène politique ne peut être négligé, tant il incarne une figure de compromis, à la croisée des chemins entre pouvoir et opposition. Peut-il être le trait d’union entre ces deux bords désormais distants, ou son retour sera-t-il une source de nouvelles tensions ?
Certaines voix s’élèvent pour dire que Kabund pourrait devenir un acteur essentiel de la réconciliation nationale. Dans un pays où les fractures politiques semblent toujours aussi profondes, la réconciliation paraît plus nécessaire que jamais. Après la libération d’autres figures de l’opposition, l’heure semble être à la reconstruction du pays, et Kabund pourrait-il être cet homme capable de réunir autour d’une même table ceux qui se déchirent ? Son rôle dans l’Union sacrée lui confère une légitimité pour être un médiateur, mais est-ce suffisant dans un contexte où les rivalités sont exacerbées ?
Cependant, d’autres analystes s’interrogent sur le fait qu’il puisse être vu comme une nouvelle « carte joker » pour le régime de Félix Tshisekedi. Dans ce contexte incertain, où les rapports de forces évoluent sans cesse, pourrait-il être récupéré par le pouvoir pour renforcer son assise ? Et dans un pays où les attentes sociales sont pressantes, Kabund pourrait-il être vu comme un relais des frustrations populaires, ou restera-t-il une simple figure parmi d’autres dans un paysage politique saturé de personnalités ?
La question reste ouverte. Dans une République Démocratique du Congo où les enjeux de paix et de stabilité sont cruciaux, Jean-Marc Kabund pourra-t-il être une clé de la réconciliation ou un facteur de division supplémentaire ? Les Congolais, plus que jamais, attendent des réponses. Après sa libération triomphale, Kabund devra répondre à un défi majeur : celui de se réinventer dans un contexte de tensions internes et d’enjeux politiques mondiaux.
Obed Vitangi, Journaliste.