Dans le cadre d’un processus de réhabilitation disciplinaire, 260 militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont été évacués ce week-end de la prison urbaine de Butembo vers le centre de reconditionnement de Nyaleke, à Beni. Ces soldats, arrêtés les 21, 22 et 23 février 2025, avaient abandonné leurs positions sur le front et étaient soupçonnés d’actes de pillage lors de leur retraite vers Lubero et Beni.
L’opération, confirmée par le Major Magistrat Mkuwa Milosi Georges, Auditeur militaire de la garnison de Butembo, vise à restaurer la discipline au sein des troupes tout en désengorgeant une prison confrontée à une surpopulation critique.
Les autorités judiciaires militaires rapportent que ces militaires en fuite avaient semé le chaos, s’adonnant à des pillages dans les localités de Kimbulu et Musienene. En réponse au risque d’escalade de la violence à Butembo, un dispositif de sécurité renforcé a été déployé aux principaux points d’accès à la ville.
« Les 21, 22 et 23 février, des militaires en déroute ont été signalés progressant vers Beni tout en commettant des exactions. Pour prévenir toute intrusion à Butembo, nous avons déployé nos unités aux barrières de Kyambogho et de Kangote », a déclaré le Major Magistrat.
Ces mesures ont permis d’interpeller près de 300 soldats de différentes unités. Parmi eux, 55 militaires ont été jugés en audience de flagrance et condamnés.
Le transfert de ces militaires intervient alors que la prison de Kakwangura fait face à un surpeuplement alarmant. Conçue pour une capacité de 250 détenus, elle en abritait 1 693 au 6 mars 2025, dont 767 militaires.
Avec la relocalisation des 260 militaires détenus sous l’autorité de l’Auditorat militaire, un allègement notable est observé au sein de cette prison.
Ce type d’évacuation n’est pas inédit. Le 23 août 2024, 100 militaires avaient déjà été libérés après 21 jours de détention pour des faits similaires. « L’Auditeur militaire ne classe pas leurs dossiers sans suite. Ces affaires sont transmises à leur hiérarchie pour un suivi disciplinaire », a précisé une source judiciaire.
Le centre de Nyaleke est dédié à la réhabilitation des militaires sanctionnés, avec un programme de recyclage en vue de leur réintégration dans les rangs des FARDC.
Cependant, cette démarche soulève des interrogations sur l’efficacité des mesures de contrôle interne et la capacité des FARDC à maintenir une discipline stricte. Dans un contexte sécuritaire fragile à l’est de la RDC, la cohésion et la rigueur au sein des forces régulières sont essentielles pour assurer la protection des populations et la défense de l’intégrité nationale.
L’évacuation de ces 260 militaires représente une réponse immédiate aux défis de surpopulation carcérale et de redressement disciplinaire, tout en posant la question plus large de la gestion de l’indiscipline au sein des forces armées.
Dieumerci Matu Chub